Grégoire Clemencin

in girum imus nocte et consumimur igni

Par où commencer ?

mer. 30 août 2017 15h56

Toujours la même histoire : n'étant jamais au commencement, comment justifier de son intervention ?
— de quelque intervention que ce soit —
à la façon qu'on aimait questionner il y a plusieurs décennies (d'où parles-tu, camarade ?)

L'on intervient. L'on vient. Entre. Celui qui parle, celui qui répond.
Sans, bien entendu, être introduit.
Intervention, intrusion.

Ici, justifier, c'est la juste raison, à sa juste mesure, la raison plausible, dont on peut débattre — une raison raisonnable : je ne connais pas tout de ce qui précède, de ce qui m'entoure, de ce qui m'engloutira, mais je suis précédé, je suis entouré, je suis englouti, — et je ne connais rien, et je demande, c'est une simple question en fait — au commencement, il y a une question —
je ne sais pas, je demande —
au commencement, une question —
une question — un point de vue, une question sur le point de vue d'où l'on questionne.
(il faudrait retourner lire Descartes sur ce point précis : comment est introduit le questionnement ? le fait même de poser la question ?)

Et Juan Gris doit être un bon exemple de questionnement sur le point de vue.

Si l'on souhaite sortir de l'aporie sur le commencement, de la régression à l'infini sur l'avant, il n'y a guère d'autre solution que de se défaire du temps — de sortir de la catégorie du temps.
Tout est en même temps.

Ce point d'étape de la réflexion picturale au tournant du XXe siècle (le cubisme), cet instantané de la recherche est une belle question — aussi Jean Pougny.

Friday April 15, 2005 - 03:24pm (CEST)