Grégoire Clemencin

in girum imus nocte et consumimur igni

Platon est amoureux d’Ingrid Bergman

mer. 30 août 2017 15h56

Que dit-elle, que dit-elle à celui qui la regarde, cette photographie ?
celui qui la regarde : à celle qui la regarderait, je ne saurais dire.)

Elle dit peut-être qu'il est toujours trop tard. Elle me dit que, si je peux regarder cette photographie, c'est que je viens après, c'est que cette image fait image parce qu'elle est une trace, la trace d'un avant, d'un avant moi — cette photographie ouvre l'imaginaire parce qu'elle matérialise le temps.

Mais elle ne dit pas que cela, cette photographie.
Elle parle de la beauté.
Elle dit que la beauté vient après, qu'elle vient après ce que l'on voit, qu'elle vient en image. Que la beauté se manifeste après, que la beauté se manifeste dans la nostalgie. Elle dit que la beauté est le souvenir de la beauté. Qu'elle est avant la beauté. Et c'est pour cela que nous pouvons dire de cette femme qu'elle est belle : c'est que nous la reconnaissons.

Tuesday April 12, 2005 - 10:36am (CEST)